D'un simple claquement de doigts, Zozie de l'Alba sait exactement qui ment, qui a peur, qui trompe sa femme et qui a des soucis d'argent. A peine entrée au Rocher de Montmartre, cette chocolaterie étrangement fascinante malgré son aspect fané, elle flaire le mensonge. Annie, la fille de la propriétaire, ne laisse-t-elle pas derrière elle une vague traînée bleutée, comme des ailes de papillons ?
Mon avis:
Je découvre « Le rocher de Montmartre » roman merveilleux de Joanne Harris et suite de « Chocolat», grâce à un partenariat des éditions Points avec Blog-O-Book.
Pour les mordues de lecture comme moi, c’est toujours un plaisir d’ouvrir un nouveau livre, sans jamais savoir à quoi s’attendre. Est-ce que l’histoire va me happer dès les premières pages ? Vais-je m’attacher aux personnages ? Je me pose plein de questions et le plaisir de la découverte et de la nouveauté m’envahit. Très rarement, je découvre un roman qui de la première à la dernière ligne me captive, dont le chant des phrases danse à mes oreilles et que je me surprends à adorer sans retenue. D’autres lui trouveront peut-être des défauts ou s’ennuieront à sa lecture, pourtant « Le rocher de Montmartre » fait pour moi partie de ces romans d’exceptions qui enchantent, tout simplement.
Vianne Rocher vit avec ses filles Anouk et Rosette à Montmartre, village à l’intérieur d’une grande ville, où elle tient une chocolaterie. Bien décidée à effacer son passé et à se fondre dans la masse, elle dissimule ses dons et fait tout pour ne pas se faire remarquer. L’arrivée de Zozie de l’Alba dans leur vie, personnage énigmatique aux desseins cachés, va tout bouleverser.
L’histoire est racontée à tour de rôle du point de vue d’Anouk, de Zozie et de Vianne et se découpe en chapitres courts. La magie y est omniprésente, sous forme de signes dessinés du bout des doigts, de prières aux divinités Maya et Aztèques ou encore de rituels étranges.
Véritable hymne aux plaisirs des sens, cette lecture se savoure comme un chocolat chaud un soir d’hiver au fond de sa couette.
Pour terminer, quelques passages que j’ai choisi de vous faire partager:
« Ce n’est pas extraordinaire, ca, Nanou ? Extraordinaire et bouleversant, merveilleux et magnifique ? Ne veux-tu pas y contribuer ? Ne veux-tu pas découvrir le fil de ta propre destinée dans cet enchevêtrement absurde et lui donner forme - non pas par hasard mais par intention ? »
« C’est un tel plaisir d’acheter une boîte, d’hésiter sur sa forme - carrée, ronde, en cœur ? De choisir lentement ce que l’on va y mettre, de voir un à un chacun des chocolats se nicher dans les ondulations soyeuses du papier couleur de mûre, de laisser leur arôme caresser vos narines - ce cocktail de rhum brun, de crème, de caramel et de vanille, d’entendre le papier de riz soupirer au contact du couvercle, avant de choisir un emballage et d’y ajouter une jolie fleur ou un cœur de papier. »
« Je la dévisage, muette d’indignation. Est-ce par amour que le joueur de flûte vole les enfants ? Est-ce par un désir mal placé de ne plus être seul que le Grand Méchant Loup séduit le Petit Chaperon rouge ? Mais, petite imbécile, je suis la dévoreuse de cœurs, la peur de la mort, la vilaine sorcière. Je suis le plus sinistre de tous les contes de fées et tu oses avoir pitié de moi ? »